Photo - Château de Troussay
Château de Troussay
15e siècle - 16e siècle - 3e quart 19e siècle à Cheverny (41700)
Photo - Château de Troussay
Château de Troussay

Le château de Troussay est situé sur la commune de Cheverny, à la limite de la Sologne et du Blésois, dans le canton de Contres, à 15 km au sud de Blois et à 3 km à l'ouest de Cheverny. Bâti, avec ses dépendances, sur un quadrilatère régulier, vraisemblablement une ancienne plate-forme fossoyée, cette modeste demeure seigneuriale adopte le parti traditionnel du petit château solognot de la fin du Moyen Age. Les trois bâtiments, logis et bâtiments de dépendances, sont implantés en U autour d'une cour fermée au sud par un muret. Le logis est placé en fond de cour. Probablement construit au 15e siècle, repris à la Renaissance pour un écuyer, contrôleur au grenier à sel de Blois, ce manoir fut fortement restauré entre 1850 et 1873, par l'architecte départemental Jules de La Morandière, le successeur de Duban à Blois, pour l'historien, archéologue et collectionneur, Louis de La Saussaye. C'est dans cette reconstruction pensée et dirigée par une personnalité éminente du Blésois que réside aujourd'hui l'intérêt de Troussay. Louis de La Saussaye appartient à ce mouvement d'opinion qui, après la Révolution et les destructions qu'elle provoqua, suscita la création des grandes sociétés savantes et une émulation pour la conservation du patrimoine. Il est l'un des éminents antiquaires de cette génération éclectique, autodidacte passionné par l'histoire médiévale et l'archéologie naissante. Ce collectionneur fut correspondant de Mérimée pour la première Commission des Monuments Historiques. Sa présence sur le chantier de la restauration du château de Blois, où il fut la caution intellectuelle de Duban, eut une influence très concrète sur la reconstruction de Troussay. C'est dans l'architecture et la décoration du château de Louis XII et de François Ier que La Saussaye trouva les modèles d'inspiration pour la reconstruction de sa maison entreprise au même moment. C'est sur ce grand chantier, qu'il recruta les artistes qui traduisirent ses idées. Dans une démarche héritée de personnalités comme l'abbé Grégoire, pendant la Révolution, et Alexandre Lenoir, au début du 19e siècle, Louis de la Saussaye sauva de la destruction de nombreux objets d'art et fragments d'architecture, dont certains de très grande qualité, qu'il fit remonter à Troussay : vitraux civils du 16e siècle, attribués aux anciens hôtels de Guise et Sardini, à Blois, menuiseries gothiques et Renaissance des fenêtres de maisons démolies lors des grands travaux de voirie, sculpture de l'hôtel Hurault de Cheverny, dans la même ville, chapiteau et porte (l'un des plus remarquables témoins de la sculpture sur bois de la Renaissance) provenant de la célèbre chapelle du château d'Onzain et peut-être par là du château de Bury, édifice dont le rôle fut capital dans l'histoire de la première Renaissance française. La valeur architecturale de l'oeuvre conjointe de La Saussaye et de La Morandière, est modeste. L'architecture, bien que soignée, apparaît banale. Mais l'originalité et l'intérêt résident dans la pensée qui a présidé à la restauration de Troussay. Le principe de cette restauration dirigée par La Saussaye, est expliqué dans son ouvrage manuscrit, les Annales troussayennes : renouveler l'ancien manoir en conservant sa physionomie, en respectant les témoins de son histoire, mais en l'ornant davantage. Il en résulte un château réinventé où sont reconstitués les styles gothique et Renaissance. Le nouveau château de Troussay est la création architecturale d'un érudit collectionneur, qui, malgré la doctrine énoncée de respecter autant que possible l'état ancien, révèle le goût très caractéristique du milieu du 19e siècle qui cherchait à recréer une atmosphère plutôt que l'authenticité. Il est aussi le témoin de la part prise par l'érudit dans la restauration du château de Blois, chantier essentiel de l'actualité architecturale du 19e siècle.

Adresse
Troussay
41700 Cheverny
Centre
Période 15e siècle - 16e siècle - 3e quart 19e siècle
Classement Château en totalité, à savoir le corps de logis, les dépendances et le parc avec les deux pavillons de l'ancien potager (cad. L 337 à 343, 348 à 350, 354 à 357, 359, 643, 644, 764) : inscription par arrêté du 25 janvier 2000
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