Implantée au centre d'une région où la vocation lainière était ancienne et importante, la manufacture de drap du château du Parc est l'un des exemples les plus caractéristiques de l'évolution de la manufacture traditionnelle à l'usine moderne. Elle offre la particularité d'avoir conservé, juxtaposés sur le même îlot, au bord de l'Indre, les témoignages architecturaux de sa mutation. En 1751, un drapier de Lodève établit dans l'ancien château médiéval du Parc, dépendant du domaine royal, une manufacture privilégiée pour la fabrication des draps de troupe. L'histoire de l'entreprise et les bâtiments conservés montrent que, dès sa création, la manufacture a fait l'objet d'une conception d'ensemble réfléchie. Installés sur un site hydraulique très adapté, ses vastes ateliers, à l'ordonnance simple et régulière, spécifiquement conçus pour l'activité drapière, témoignaient de la volonté d'établir une organisation du travail concentrée et fonctionnelle et de surveiller la qualité de la fabrication. Elle constituait une étape vers la manufacture concentrée, un compromis entre le regroupement sous le même toit, des processus de production et le maintien à domicile d'n grand nombre d'artisans ruraux. Tenue par des entrepreneurs, dont certains étaient issus des grands centres de fabrication de drap fin du Midi et des Ardennes, cette manufacture adopta, à une échelle plus modeste, un parti similaire à celui des importantes places drapières du royaume. L'entreprise connut souvent des difficultés. Son achat, en 1856, par Pierre Balsan, un lodévois, changea le visage de l'entreprise. Il fit construire entre 1860 et 1867, une nouvelle usine de six hectares, à l'ouest de la première, où il maintint avec succès la production traditionnelle du drap de troupe. L'emploi de la machine à vapeur permit des établissements de grande ampleur où les constructions industrielles, vastes et claires, de faible hauteur d'étage, étaient réparties selon un plan rigoureusement symétrique, imposé par la logique productive et les contraintes techniques. Les bâtiments sont caractéristiques de l'architecture manufacturière des débuts de l'ère industrielle. Ils concilient esthétique, fonctionnalité et innovations techniques. La perspective était axée sur la cheminée et le pavillon des machines, au coeur de l'établissement, l'une des plus précoces expressions du triomphalisme dans l'architecture industrielle du 19e siècle. La diffusion de la construction métallique, la multiplication des sheds liée à l'essor de l'entreprise, accentuèrent son caractère usinier, sans estomper la prétention de la manufacture de transition du Second-Empire. L'usine compta longtemps parmi les plus modernes et les plus importantes de France. Elle a largement influencé l'urbanisation de la partie ouest de la ville, en créant des maisons individuelles pour les ouvriers, des écoles et des rues organisées selon une composition orthogonale, pour relier ces équipements et ces logements à l'établissement. Le déclin de son activité traditionnelle, le drap cardé, et sa reconversion dans la production de non tissés engendrèrent une réduction progressive de la propriété et son morcellement. La fermeture de l'usine, en 1991, entraîna la désertification d'une grande partie de l'îlot.
Adresse |
avenue François-Mitterand
36000 Châteauroux
Centre
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Période | 2e moitié 18e siècle - 3e quart 19e siècle |
Classement | Tour du château du Parc. Façades et toitures des bâtiments de la manufacture royale, à savoir : pavillon du portier et logement d'ouvriers, à l'entrée de la cour (actuels bâtiment d'accueil et bureaux de la caserne des sapeurs-pompiers) ; aile des tisserands (actuelle caserne des sapeurs-pompiers) ; aile des teinturiers (transformée en habitation dans la seconde moitié du 19e siècle) , et à l'intérieur de celle-ci au rez-de-chaussée de la partie nord : le grand escalier, le cabinet de travail et le grand salon ; logis dit aussi Château-Rivière. Certaines parties de la manufacture du Second Empire et de ses annexes, à savoir : façades et toitures des pavillons de gardiens ; façades et toitures des pavillons de logements et de bureaux bordant l'allée d'accès ; façades et toiture de l'aile nord du bâtiment cadastré DN 33 ; façades et toitures des pavillons d'administration ; bâtiments industriels et passerelles en totalité ; voies de circulation et cours (cad. DN 27, 28, 31, 33 à 36, 559, 560, 562, 565, 577, 583, 584, 593, 609, 610) : inscription par arrêté du 12 décembre 1996 |
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