Le prieuré Saint-Laurent de l'Artige est une fondation due à deux vénitiens, Marc et son neveu Sébastien, probablement pélerins, restés vivre en ermites près de Saint-Léonard-de-Noblat au tout début du 12e siècle (vers 1100-1130). En 1788, une masure de chapelle conservait le souvenir de cette première implantation au lieu-dit l'Artige-Vieille. Un transfert eut lieu en 1174-1175, à la suite de violences meurtrières commises contre leurs disciples, réunis en une petite communauté de chanoines réguliers. Le cinquième prieur, Hélie, se fit alors donner un ancien site fortifié, nommé le Chalard, formant éperon au-dessus du confluent de la Maulde et de la Vienne, face au château du Muraud, et qui fut rebaptisé l'Artige-Grande. Une chronique attribue à Hélie la construction d'une église, consacrée en 1198, de l'ancien dortoir et du réfectoire. Il se pourrait qu'il s'agisse seulement d'une rénovation, car le site du Chalard était déjà pourvu d'un lieu de culte lors de la donation. Des ruines d'une petite église sont mentionnées par l'historien bénédictin dom Estiennot lors de son passage vers 1670. La grande église actuelle est considérée comme une construction de la fin du 13e siècle par Mme Andrault-Schmitt, qui l'associe à une dédicace d'autel, en 1267, connue par une plaque émaillée aujourd'hui conservée à Varsovie. Malgré diverses destructions intervenues au cours des siècles suivants (guerre de Cent ans, guerres de religion) , et la vente, comme bien national, à la Révolution, le site conserve des éléments conséquents. Les bâtiments sont répartis en trois corps autour d'une cour carrée, sans que l'on ait la certitude que le quatrième côté, au sud, ait été construit. Au nord, l'église forme un long vaisseau unique, haut et étroit, qui a été subdivisé par un mur pour la transformer en grange, et dont la voûte en berceau est en partie effondrée, remplacée par une charpente. Les murs sont rythmés de contreforts obliques et divisés par un cordon formant larmier, sur lequel reposent les fenêtres. Toutes les baies sont en arc brisé, y compris la porte nord, réservée aux laïcs, et qui est simplement constituée de deux larges rouleaux plats à arête en cavet, soigneusement appareillés, sous archivolte à retours, et ornés de tores d'encoignures retombant sur une imposte que supportent des colonnettes coiffées d'un petit chapiteau à corbeille lisse. Un clocher, au sud, présente la particularité de former un massif quadrangulaire de maçonnerie, saillant à la fois à l'extérieur et sur la nef. Quelques traces de décor peint apparaissent sous les enduits. Vers l'est subsiste un pan de mur de l'ancienne salle capitulaire, percé de trois arcs brisés, celui du centre plus étroit, dont l'extrados retombe sur des colonnettes au chapiteau orné de crochets-boules, prolongées par un tore d'encoignure, tandis que le large intrados est porté par deux épaisses et courtes colonnes engagées, reposant sur des bases à griffes. Les chapiteaux de ces colonnes sont découpés en larges feuilles d'eau stylisées aux arêtes marquées. À l'extrémité sud de ce mur, une petite tour circulaire est percée d'une porte à accolade, aux armes de la famille de Bony de Lavergne, dont plusieurs membres furent prieurs de l'Artige à la fin du 15e et au début du 16e siècle. L'aile occidentale, transformée en habitation, a gardé son volume ancien et plusieurs portes d'origine. Des corbeaux de pierre, visibles en plusieurs places dans les murs, portaient la charpente qui couvrait des galeries de circulation, probablement en forme de cloître.
Adresse |
l'Artige aux moines
87400 Saint-Léonard-de-Noblat
Limousin
|
---|---|
Période | 4e quart 12e siècle - 1ère moitié 13e siècle |
Classement | Restes du prieuré (cad. B 838) : inscription par arrêté du 6 février 1926 ; Eglise, y compris son décor intérieur ; trois arcades subsistantes correspondant au mur occidental de la salle capitulaire ; tour aux armes des Bony, à l'angle sud-ouest ; aire du cloître, à l'exclusion du bâtiment ouest servant d'habitation (cad. B 838) : classement par arrêté du 25 septembre 1989 |
Contenu |