Vers le milieu du 18e siècle, en raison des mutations économiques et des changements de pratiques financières, on assiste à un déplacement du marché vers les grandes cités. De nouvelles bourses sont créées, comme celles de Berlin et de Saint-Pétersbourg, pour répondre à un marché en pleine expansion. Seul Paris, pourtant l'une des plus importantes places financières, ne possède pas encore d'édifice spécifique. Il faudra attendre Napoléon pour que la capitale possède enfin son temple du commerce. Ce n'est qu'en 1806 que Napoléon finit par décider de son emplacement, sur le terrain du couvent des filles de Saint-Thomas. La Bourse est la dernière oeuvre de l'architecte Brongniart, qui avait été élève de Boullée et condisciple de Chalgrin. Ce monument, par la rigueur de sa conception, était à son époque considéré à juste titre comme l'exemple le plus caractéristique de la Nouvelle architecture, en opposition à l'école de Blondel. Les premiers projets datent de 1808. L'emplacement sur lequel s'élevait la Bourse était délimité au nord par la rue Feydeau, au sud par la rue Notre-Dame-des-Victoires, et à l'ouest, par le théâtre et le passage Feydeau. Tout en respectant la topographie des lieux, Brongniart avait régularisé cette place en lui ménageant de nouveaux accès. Parfaitement intégrée dans le quartier, celle-ci était conçue pour devenir un élément de jonction, une articulation dans la voirie. Cependant, la construction est peu avancée à la mort de Brongniart en 1813 ; elle sera poursuivie et achevée par Eloi Labarre après 1826. Donc, commencé en 1808, le palais Brongniart est inauguré après la chute de l'Empire en 1826, mais réellement terminé quelques années plus tard. Les six projets de Brongniart sont connus et étudiés, et particulièrement sa proposition du temple grec, temple de l'argent, qui est retenue. Pourtant, toutes les dispositions voulues par l'architecte ne seront pas réalisées. Les gravures de l'époque (1814) montraient un monument entouré sur les quatre côtés par une double rangée d'arbres. Cet aménagement n'a pas été réalisé complètement puisque seule une double allée longeant le bâtiment a été créée et est demeurée ainsi jusqu'en 1902, époque à laquelle la bourse est agrandie de chaque côté par Cavel. L'ordre corinthien sera substitué à l'ordre ionique ; le grand relief de Chaudet sera remplacé par un niveau d'arcades ; l'étage des magasins aménagé en bureaux. Surtout, ce temple sera doté d'un toit à double pente dès l'origine, ce que n'avait certes pas imaginé l'architecte, fervent d'Antiquité et réalisateur des théories de son maître Boullée. La grande inscription monumentale de la façade sera, elle, heureusement réalisée. L'achèvement des travaux par Labarrre a apporté également des modifications au projet de Brongniart quant à la décoration intérieure et des aménagements extérieurs. En effet, la décoration intérieure très monochrome, imitant des motifs sculptés, voulus par Brongniard, sera remplacée par des peintures qui reprennent en les rectifiant les compositions du projet initial : plafond à caisson avec verrière centrale pour la grande salle, où les peintures de Meynier et Abel de Pujol représentent les allégories des villes de France, complété d'une frise de guirlandes où sont représentées les différentes bourses d'Europe. La salle du tribunal de commerce, devenue salle de réunion des agents de change, sera aussi achevée et décorée selon le projet de Labarre, les murs en cinq travées séparées par des pilastres corinthiens, les portes étant surmontées de bas-reliefs de Caillouette et de Bay ; la voûte est peinte en grisailles par Vinchon et Blandel. En 1899, pour se conformer à l'extension du marché boursier, un projet d'agrandissement est étudié par Cavel ; il est réalisé en 1903 par l'architecte, qui dote le rectangle du temple de deux ailes, le transformant en croix grecque. L'apport de Clavel présente un grand intérêt pour l'histoire du pastiche dans les a nnées 1900. A la mort de Clavel en 1905, Eustache, premier inspecteur des travaux, lui succède. Quelques restaurations ont été effectuées, dont l'achèvement de la cage d'un nouvel escalier d'honneur. Tout est terminé en 1905. D'autres projets de Bernier (1923) et de Bernier et Azema en 1930 n'ont pas été exécutés. La Ville de Paris, propriétaire du palais, a consenti un bail emphythéotique à la Compagnie des agents de change. Les ajouts successifs à ce bâtiment ne le dévalorisent pas, car ils témoignent de l'évolution du style, et des trois projets qui y ont été exécutés. Ce bâtiment aux grandes valeurs historiques et archéologiques fait partie des monuments capitaux de Paris et illustre avec éclat l'architecture néo-classique.
Adresse |
place de la Bourse
75002 Paris
Ile-de-France
|
---|---|
Période | 1er quart 19e siècle - 1er quart 20e siècle |
Classement | Bourse, avec la parcelle sur laquelle elle est construite (cad. 02 : 02 AF 30) : inscription par arrêté du 27 octobre 1987 |
Contenu |